Vickie Dionne
Pas la grande, l’autre
2025
Acrylique sur toile et masonite
72 cm x 66 cm
Être la petite sœur,
C’est grandir dans une lumière qui n’est pas la mienne,
C’est courir derrière un éclat qui m’éblouit,
C’est voir son reflet dans chaque miroir,
Et me demander si le mien suffira.
Je l’ai regardée danser, sûre d’elle, presque irréelle,
Ses gestes dessinaient des mondes où je ne faisais que passer.
Je suivais, en silence, de loin,
Avec ce sentiment d’être toujours un peu trop tard.
Elle m’a appris à ravaler mes peines,
À sourire quand tout en moi criait,
À être forte pour ne pas déranger.
Parfois elle s’éloignait, sans un mot,
Et je restais figée, une ombre muette dans son sillage.
Être la petite sœur,
C’est enfiler ses habits délaissés,
Des tissus empreints d’un passé qui n’était pas le mien,
C’est porter un nom qu’elle a déjà rendu grand,
C’est craindre d’être une esquisse là où elle est tableau.
J’ai tant cherché son regard,
Comme on cherche une étoile dans un ciel trop vaste,
Mais certaines nuits, même les étoiles disparaissent,
Et mes doutes devenaient trop lourds à porter seule.
Pourtant, ses rires me réchauffaient l’âme,
Ses mots doux venaient apaiser mes silences,
Et dans ses bras, j’existais vraiment.
Alors peut-être qu’être la petite sœur,
Ce n’est pas seulement rester dans l’ombre,
C’est apprendre à transformer l’ombre en lumière,
À écrire mon histoire sans trahir la sienne,
À voir en elle non plus un sommet,
Mais un phare,
Qui m’éclaire sans jamais me faire disparaître.

