Spencer Chabot


You are what you eat

2025
Performance et vidéo numérique
4 min. 4 sec.


Lors du développement de l’identité de soi, on se vêt de multiples peaux, puisant notre entourage et les médias pour créer son ‘moi’ idéal. Cette création de soi à partir de fragments existants peut s’apparenter au cannibalisme. Nous consommons nos êtres-buts, assimilant leurs traits physiques et psychologiques à notre présentation de soi et devenant, à notre tour, une peau à être vêtue par une prochaine vague d’individus cherchant à se définir.

Un individu transgenre cannibalise doublement, puisqu’à cette autocréation s’ajoute la performance de genre. Se définissant hors des bornes de son genre assigné, l’individu transgenre doit sortir de ce qui lui a été enseigné dès l’enfance, créant sa propre base d’interprétation de son genre. Non seulement doit-il se développer comme personne; il doit se développer dans le genre auquel il s’identifie.

Ce cannibalisme dédoublé engendre un cycle obsessif d’autodéfinition et d’identification à partir d’images de personnes existantes. Les cyberespaces queers deviennent une chambre d’écho dans laquelle la communauté transgenre s’entre-cannibalise, vomissant des versions mi-mâchées, mi-digérées de leurs confrères et consœurs, assaisonnées à leur saveur personnelle. 

Tout comme le cannibale devient uni avec sa victime, nous devenons indissociables de nos êtres-buts cannibalisés, rendant difficile la distinction entre l’imitation et le véritable ‘moi’.